Lame de fond
Lame de fond - 2018
Oeuvre textile en techniques mixtes
Lin, papier de lin, fils de coton, fils de lin-coton
Cyanotype, sérigraphie, dévoré chimique
50cm x 50cm x 50cm
Oeuvre élaborée dans le cadre du volet pour les étudiants de la Biennale Internationale du Lin de Portneuf 2019, à partir du poème :
VIVEMENT LE VENT QUI DÉRANGE
Le fleuve coule à côté de ma vie
j’erre agité près de son lit
s’affolent des oiseaux dans mon sang en cage
passent les heures à la dérive
le mascaret peut advenir
vivement le vent qui dérange
André Gaulin
D’après le dictionnaire Larousse, une lame de fond est la surélévation de la surface de l’eau entre deux creux de vagues ou de houle successifs.
Selon Wikipédia, on évoque une lame de fond, en langage imagé, pour parler de quelque chose de puissant et relativement imprévisible.
Pour traduire toute l’intensité de ce poème, j’ai décidé de me tourner vers la réalisation d’une oeuvre en trois dimensions, conçue comme une sculpture textile. Pour donner vie à mon idée, j’ai façonné et assemblé de nombreuses pièces, que j’ai montées petit à petit. Les premiers éléments de ces quelques vers qui m’ont frappée et que j’ai voulu retranscrire dans ce volume ont été les notions d’effervescence et de tourment de l’auteur. J’ai donc souhaité qu’une sensation de bouillonnement et de mouvement intérieur soit perceptible dans mon travail. C’est ainsi que m’est venu l’envie de vagues en tissus, rappelant non seulement les flots du Saint-Laurent, le mascaret évoqué par le poète, mais illustrant surtout son agitation personnelle. J’ai pensé à des vagues fracassantes, dont les crêtes explosent en une écume blanche, tourbillonnante, à l’instar du vif émoi de l’auteur. Ces particules se morcellent, virevoltent, et se confondent avec des volées d’oiseaux. Ensuite, grâce à des fils tendus et à l’ajout de bandelettes de papier, j’ai imaginé symboliser l’élévation des sentiments d’André Gaulin. Ces émotions partent du fin fond de son être pour remonter en bloc à la surface de ses pensées. Pour traiter tous ces différents éléments symboliques ainsi que pour créer un rappel esthétique des eaux du fleuve et de leurs fonds marins, j’ai opté pour la technique du cyanotype qui m’a permis de jouer avec des bleus riches, profonds, vibrants. Grâce à ce procédé, j’ai pu également développer des effets de lumière et de textures intéressants, en profitant de la photosensibilité qui le caractérise. De la sorte, j’ai été capable d’évoquer le soleil qui se diffuse dans et sur l’eau, qui se fragmente, créé des formes, des éclats lumineux, des trainées d’ombre furtives.




Crédit photo : Denis Baribault